Elle en apprenait un peu plus sur ses neveux et nièces chaque jour. Elle commençait peu à peu à connaître leur goût alimentaire. Elle aurait juste aimé que ce soit dans d'autres circonstances. Jazz pleurait beaucoup. Après en avoir un petit peu discuté avec elle, elle avait décidé de l'emmener voir un psy. Jazz était un peu réticente mais Rebecca voulait qu'elle puisse commencer l'année scolaire dans les meilleurs conditions possibles. Tuck jouait les dures et c'était probablement plus inquiétant encore. Elle espérait qu'il resterait dans le droit chemin. Elle ne savait pas trop comment faire pour le cadrer. Elle ne savait pas trop comment faire pour lui parler aussi. Ils avaient tous redécoré la maison ensemble mais le cœur n'y était pas. Elle ne savait pas trop quoi faire pour qu'ils se sentent enfin chez eux. Elle supposait qu'il leur faudrait à tous du temps. Micah trouvait aussi le déménagement difficile. Il ne la quittait pas d'une semelle, se montrait encore plus câlins que d'habitude. Elle ne s'en plaignait pas loin de là mais elle savait que sa reprise de travail et la rentrée seraient compliqués pour lui. Peut être que passer du temps avec James et Marni lui ferait du bien.
Elle redoutait un peu de retourner au travail. Elle savait que les nouvelles à l'hôpital allait très vite et elle n'avait pas envie de croiser les regards pleins de bonnes volontés de ses collègues. Elle savait qu'elle allait devoir être confronté à lui aussi. Lui, c'était Lincoln Davis, son patron et ami et elle ne savait pas trop. Leur relation était un peu ambiguë depuis la mort de sa femme. Elle s'était écroulée dans ses bras quand elle avait appris la nouvelle de la mort de son frère. Elle savait qu'il ne la jugeait pas mais elle était un peu mal à l'aise qu'il l'est vu comme ça.
Elle s'était levée de bonne heure, bien trop tôt mais elle n'arrivait plus à dormir. Elle avait remis la maison en ordre et préparée le petit déjeuné pour tout le monde. Elle avait sorti les affaires de Micah pour qu'il n'est plus qu'à s'habiller. Aujourd'hui il passait la journée avec Judy. Jazz et Tucker resteraient tous les deux seuls à préparer leur rentrée. Elle les laissa dormir et quitta la maison sans faire de bruits. Au travail elle retrouva Olivia qu'elle n'avait pas vu depuis plusieurs jours. Liv lui donna les derniers potins de l'hôpital. Elle n'eut pas le temps de terminer. Elles tombèrent sur Lincoln et Liv choisit de s’éclipser.
J'avais commencé ma matinée à l'hôpital par prendre mon café. Je saluais les personnes que je trouvais en chemin et je me rendis dans mon bureau. Je consultais mes mails. Il y avait toujours tout un tas de chose à régler. Etre chef de chirurgie entraînait de nombreuses responsabilité. Je le savais avant de prendre le poste et cela ne me dérangeait pas. Je pense qu'aujourd'hui, cela m'arrangeait même. J'avais perdu ma femme, je vivais seul, mes enfants étaient adultes et autonomes et j'étais même papy. Diriger le service de chirurgie m'occupait et m'occuper était devenu vital. Bien-sûr j'avais aussi des passions, mais j'essayais d'occuper au maximum mon temps libre pour ne pas me trouver à rien faire. Après avoir consulté vite fait mes mails, j'allais voir si Rebecca était arrivée. Elle reprenait le travail et je voulais voir comment elle allait. Elle avait perdu son frère dans des circonstances tragiques et elle avait du coup récupérée la garde de ses neveux et nièces, ce qui ne devait pas être évident. Ce ne devait pas être évident. Elle devait gérer son deuil avec celui des enfants de son frère. Je voulais m'assurer qu'elle était dans de bonne condition pour reprendre aussi bien sur le plan émotionnel que matériel. Il ne fallait pas que sa vie personnelle prenne encore une trop grosse place dans ses pensées, sinon elle ne serait pas dans les meilleures dispositions pour travailler. Je ne m'inquiétais pas pour elle qu'en tant que patron, mais aussi en tant qu'ami et pour moi, le plus important était qu'elle aille bien, avant même de penser à si elle pouvait travailler. Rebecca avait été là pour me soutenir à la mort de Helen et je voulais être là à mon tour. Rebecca discutait avec Olivia, une de ses amies et résidente à l'hôpital. Je les croisais et Olivia nous laissa sans que j'ai besoin de dire quoique ce soit, ce qui me soulagea. Je saluais Rebecca. « Bonjour, comment vas-tu ? » Nous étions dans le couloir et ce n'était pas le meilleur endroit pour discuter. « Est-ce qu'on peut aller dans mon bureau ? Si ça ne te gêne pas, j'aimerais bien qu'on discute avant que tu reprennes. » Bon, je ne lui laissais pas vraiment le choix, mais je pense que c'était utile qu'on parle un peu. Une fois dans mon bureau, je l'invitai à s’asseoir et pris place à côté d'elle. Tu veux boire quelque chose ? »
Elle espérait pouvoir l'éviter pendant une heure ou deux, si elle se débrouillait bien pendant la matinée entière. C'était ridicule mais elle était un peu gênée qu'il l'ait vu si vulnérable, un peu gênée de ne pas pouvoir poser de mots sur ce qu'ils étaient aussi. Elle avait beau essayer de se convaincre qu'il n'était "que" son ami, son mentor, son patron. Elle savait qu'il était bien plus que ça. Olivia qui lui racontait tous les ragots qu'elle avait loupé, s'éclipsa aussitôt. Il la salua et lui demanda comment il allait mais ce n'était pas un "comment vas tu ?" ordinaire c'était plus un "comment tu tiens le coup ?", un "comment est ce que tu te remets de la mort de ton jumeau ?". Elle lui sourit.
ça va et toi ?
Il lui demanda si elle pouvait le suivre dans son bureau. Il voulait lui parler avant qu'elle ne reprenne. Il n'y avait pas grand monde autour, ils auraient pu continuer de discuter ici mais soit il pensait que ça allait prendre un moment, soit il voulait qu'ils soient seuls. Elle lui sourit et hocha la tête.
Oh oh est ce que je vais avoir des ennuis ?
Il voulait probablement s'assurer qu'elle allait bien, peut être lui proposer son aide. A moins que ce ne soit uniquement professionnel, du nouveau dans son département, le cas d'un patient qui faisait débat. Elle le suivit dans son bureau en silence. Une fois arrivé, il lui demanda si elle désirait boire quelque chose. Elle hésita quelques secondes avant de répondre. Si elle était là pour un moment autant en profiter pour prendre un thé.
Je veux bien un thé, merci.
Il s'installa à côté d'elle, peut être trop près d'elle.
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