Lève-toi et marche ! Feat Carter

Ma relation avec Carter n’était pas toujours simple. Elle devenait une jeune femme et j’avais beaucoup de mal à m’y faire. Elle restait pour moi, mon petit bébé, celle qui avait enflammé mon pauvre petit cœur et la seule qui pourrait à jamais le briser. Notre relation même conflictuelle, avait tendance à bien m’amuser. J’aimais l’embêter en prenant le contrôle de sa vie. Certainement mon côté militaire qui ressortait mais aujourd’hui, j’avais envie de passer un moment avec ma progéniture. Je pourrais très bien l’emmener faire les boutiques et manger un morceau avec elle. Il était huit heures, c’était un samedi matin et Carter avait certainement encore fait la fête toute la soirée pour ne pas dire la nuit. Elle dormait encore. J’allais aller la réveiller comme il se doit.

Je passais la porte silencieusement pour atteindre les pieds de son lit. Je prenais une bonne inspiration et hurlait à plein poumon :

- Debout la dedans ! C’est l’heure de se lever.

Intérieurement je me sentais comme un gamin qui vient de réussir une mauvaise blague. J’aurais pu me rouler de rire parterre, mais en tant que figure parentale, je me devais de rester aussi sérieux que possible.  

- Debout la dedans ! C’est l’heure de se lever.

S'il y avait bien une chose qu'elle détestait, c'était les réveils de son père.  Même son téléphone était plus humain la musique augmentant progressivement. Alors forcément, quand elle y avait droit, elle n'était pas de très bonne humeur.  Surtout qu'il semblait avoir des lacunes sur les concepts de grasse matinée et sur la vie privée. Il ne connaissait pas? Elle avait 16 ans, un peu d'intimité était le minimum non? Elle avait pourtant coller un sens interdit sur sa porte à son entrée au collège . Le maudissant intérieurement, elle se retourna et plaqua son oreiller contre ses oreilles. Les questions envahisaient sa tête. Il était quelle heure? Qu'est ce qui lui voulait cette fois? Pourquoi la torturait il ainsi? Pourquoi la vie était elle si injuste?
"Mmmh ... Laisse moi ....! "
Grognant, elle chercha son portable et ouvrit les yeux pour voir l' heure.  Assurément elle avait mal lu. La seule raison valable de la réveiller si tôt un samedi matin, c'était la naissance de sa cousine. Mais elle doutait que ça soit le cas. La lumière envahi la chambre, agressant ses yeux. Étouffant un "Je te déteste" dans son oreiller, elle aggripa sa couette, avant qu'il n'ait l'idée de lui retirer. Hors de question qu'il la voie en sous-vêtements!

Quand il consenti enfin à sortir de sa chambre, elle alla s'enfermer dans la salle de bain. Au moins, là,  il ne pouvait pas la suivre. Elle avait besoin d'une douche. D'une douche et d'un café, qu'elle se servit quand elle quitta la salle de bain. Elle n'était pas très fan de cette boisson, mais elle avait besoin de caféine vu que son père avait écourté sa nuit. De plus, ce dernier n'aimait pas la voir en boire, donc elle avait une motivation de plus pour avaler le liquide amer.  Assise, elle avalait silencieusement son petit déjeuner tout en regardant les photos de la veille. Son père lui dirait bien assez tôt les raisons de ce réveil si matinal, si raison il y avait. En attendant, ignorer sa présence était la meilleure solution.

Elle était sortie du lit finalement, j’arrivais toujours à mon objectif, ne jamais abandonner. Mais je n’avais même pas eu le droit à un Bonjour Papa, ou bien même à une quelconque remarque. Je la regardais faire, m’ignorant complètement. Cela m’amusait de la voir agir ainsi. Du café, grrr ces dents allaient devenir jaunes et pleines de tâches. Je ne manquais pas de lui en faire la remarque.

- Tu veux avoir des tâches sur tes dents et ressembler à une vieille peau à même pas vingt ans ?

Je croisais les bras, assis sur ma chaise autour de la table à attendre qu’elle daigne me demander pourquoi je l’avais sorti du lit de si bon matin un samedi. Mais je sentais, et la connaissant que je pourrais attendre un bon moment alors je me lançais.

- Tu ne veux pas savoir pour quelle raison je t’ai sorti du lit à une heure ou les chatons dorment encore ? 

Au commentaire de son père, elle osa les épaules. Répondre à sa provocation ne servirait à rien. Elle ignorait quand il avait découvert ses pouvoirs de voyant, toujours était il qu'il trouvait toujours quelque chose à dire. Elle se contenta de l'ignorer, préférant son téléphoné à une discussion avec son père. Malheureusement, ses amies, elles, avaient la chance de continuer leur nuit. A sa question, elle consenti à le regarder.

parce qu'il a une raison?Première nouvelle!

Ce n'était pas juste par sadisme! Ou parce que sa mère travaillait et qu'il avait donc le champ libre pour la rendre folle. Il restait encore à savoir si ce qu'il appelait une raison était aussi valable pour elle. C'était qu'elle y tenait à ses heures de sommeil.

Et donc? C'est quoi cette fois?

Il trouvait que la forcer à courir le dimanche matin n'était plus suffisant? Il allait la traîner à une autre compétition qu'il coatchait, le hand ne suffisait pas? Ou alors il voulait juste faire de sa vie un enfer?

Evidemment qu’il y avait une raison ! Comme si je la réveillais tous les week-ends pour le plaisir de l’embêter. Parfois elle m’exaspérait mais je reconnaissais bien là le caractère de sa mère. J’avais presque envie de l’ignorer ou bien de la faire marcher. Je savais que si je l’embêtais un peu, elle serait complètement exaspérée. Mais c’était un risque qu’elle fasse la tronche pour le reste de la journée aussi et ça, je n’en n’avais pas vraiment envie.

- Oui il y a une raison. Dis moi tu es bien de mauvais poils ce matin ? Ta soirée s’est mal passée ? Ou tu n’aimes pas être sortie du lit par ton père adoré ?

Je connaissais la réponse, je n’avais pas entendu de porte claquer quand elle était rentrée donc c’est que tout allait bien.

- Cette fois, ma chère enfant, j’ai décidé qu’on allait passer la journée ensemble. Un samedi père/fille, ce n’est pas génial ça ?!

J’étais tout content, mais elle semblait moins emballée que moi. Je prenais les clés de voiture et lui les lançait.

- Attrape ! Et tu sais quoi ? C’est toi qui conduis ! enfin, tu vas essayer de conduire, mais s‘il te plaît, n’enterre pas ton vieux père tout de suite.

Forcément que si on la réveillait, elle n’était pas de très bonne humeur.  Déjà que la situation à la maison n’était pas pour la réjouir.  Voilà longtemps qu’elle ne s’ était pas éveillée, le sourire aux lèvres avec l’envie de savoir ce que la journée lui préparait.  Elle était plongée dans cette routine mortifiante qu’est le lycée et seuls les sorties avec ses amis l’empêchaient de vouloir se pendre.

- Oui il y a une raison. Dis moi tu es bien de mauvais poils ce matin ? Ta soirée s’est mal passée ? Ou tu n’aimes pas être sortie du lit par ton père adoré ?

D’après toi?  Cite moi une personne qui aime ce genre de réveil?

Elle leva les yeux de son téléphone,  voulant connaître les raisons de ce réveil.

- Cette fois, ma chère enfant, j’ai décidé qu’on allait passer la journée ensemble. Un samedi père/fille, ce n’est pas génial ça ?!

Elle soupira.

Non, pas spécialement. Et je te rapelle que je ne suis plus une enfant!

Il fallait qu’il arrête ces surnoms mielleux. C’était tellement hypocrite de sa part. Ça la dégoutait plus qu’autre chose. En plus, elle n’avait aucune idée,  d’ou il allait la traîner cette fois.  Il ne semblait pas au courant qu’elle avait déjà des plans pour la journée et qu’à avoir tous une vie parallèle il l'a laissé sur le carreaux.  

- Attrape ! Et tu sais quoi ? C’est toi qui conduis ! enfin, tu vas essayer de conduire, mais s‘il te plaît, n’enterre pas ton vieux père tout de suite.

Elle saisi l’objet au vol puis grimaça aux commentaires de son père. Bien sur, elle était contente d’avoir la possibilité de conduire mais il ne devrait pas s’ attendre à ce qu’elle saute de joie, surtout avec un tel discours.

Merci pour la confiance! Tu devrais peut-être emprunter le casque de Mary si tu as si peur pour ta vie.

Elle fila prendre sa veste pour partir avant qu'il ne change d'avis et monta à la place du conducteur. Les réglages faits, elle regarda son père et sourit.

Tu sais,  t’as beau dire à qui veux l’entendre que t’es cool, si tu les encourages comme tu le fais avec moi, le lycée risque de perdre cette saison.  

Elle allait lui montrer qu'elle n'était plus une gamine.